49

Moïse s’allongea sur son lit en sycomore.

La journée avait été épuisante. Une cinquantaine d’incidents mineurs, deux blessés légers sur le chantier du palais, un retard de livraison des rations sur celui de la troisième caserne, un millier de briques imparfaites à détruire... Rien d’étonnant, mais une accumulation de soucis qui, peu à peu, entamaient sa résistance.

De sourdes interrogations envahissaient de nouveau son esprit. Bâtir cette capitale le rendait joyeux ; mais faire naître plusieurs temples en hommage à des divinités, dont Seth le maléfique, n’était-ce pas une offense au dieu unique ? En tant que superviseur des chantiers de Pi-Ramsès, Moïse contribuait à façonner la gloire d’un pharaon qui perpétuait les anciens cultes.

Dans un angle de la pièce, près de la fenêtre, quelqu’un avait bougé.

— Qui est là ?

— Un ami.

Un homme maigre, au visage d’oiseau de proie, sortit de la pénombre et s’avança dans la lumière vacillante que dispensait une lampe à huile.

— Ofir !

— J’aimerais te parler.

Moïse s’assit sur son lit.

— Je suis fatigué et j’ai envie de dormir. Nous nous verrons demain, sur le chantier, si j’en ai le loisir.

— Je suis en danger, mon ami.

— Pour quelle raison ?

— Tu le sais bien ! Parce que je crois au dieu unique, sauveur de l’humanité. Le dieu que ton peuple vénère en secret et qui régnera demain sur le monde après avoir détruit les idoles. Et sa conquête doit commencer par l’Égypte.

— Oublies-tu que Ramsès est le pharaon ?

— Ramsès est un tyran. Il se moque du divin et ne se préoccupe que de sa propre puissance.

— Respecte-la, ce sera préférable. Ramsès est mon ami, et je bâtis sa capitale.

— J’apprécie la noblesse de tes sentiments et ta fidélité à son égard. Mais tu es un homme déchiré, Moïse, et tu en as conscience. Dans ton cœur, tu refuses ce règne et tu espères celui du vrai Dieu.

— Tu divagues, Ofir.

Le regard du Libyen se fit insistant.

— Sois sincère, Moïse, cesse de te mentir.

— Me connaîtrais-tu mieux que moi-même ?

— Pourquoi pas ? Nous refusons les mêmes erreurs et partageons le même idéal. En alliant nos forces, nous transformerons ce pays et l’avenir de ses habitants. Que tu le veuilles ou non, Moïse, tu es devenu le chef des Hébreux. Sous ta gouverne, leurs rivalités se sont tues. À ton insu, un peuple s’est formé.

— Les Hébreux sont soumis à l’autorité de Pharaon, non à la mienne.

— Cette dictature, je la nie ! Et tu la nies aussi.

— Tu te trompes : chacun sa fonction.

— La tienne consiste à guider ton peuple vers la vérité, la mienne à instaurer le culte du dieu unique, en plaçant sur le trône d’Égypte Lita, l’héritière légitime d’Akhénaton.

— Cesse de délirer, Ofir ; prôner la révolte contre Pharaon ne saurait aboutir qu’au désastre.

— Connais-tu un autre moyen d’établir le règne du dieu unique ? Lorsqu’on possède la vérité, il faut savoir lutter pour l’imposer.

— Lita et toi... Deux illuminés ! C’est dérisoire.

— Crois-tu vraiment que nous soyons seuls ?

L’Hébreu fut intrigué.

— C’est l’évidence...

— Depuis notre première rencontre, affirma Ofir, la situation a évolué. Les partisans du dieu unique sont plus nombreux et plus déterminés que tu ne l’imagines. La puissance de Ramsès n’est qu’une illusion, dans laquelle il se prendra lui-même au piège. Une bonne partie de l’élite de ce pays nous suivra lorsque toi, Moïse, auras ouvert la voie.

— Moi... Pourquoi moi ?

— Parce que tu as la capacité de nous guider et de prendre la tête des adeptes de la vraie foi. Lita doit demeurer dans l’ombre, jusqu’à son avènement, et je ne suis qu’un homme de prière, sans influence sur le grand nombre. Quand elle s’exprimera, ta voix sera entendue et écoutée.

— Qui es-tu réellement, Ofir ?

— Un simple croyant qui, comme Akhénaton, est persuadé que le dieu unique régnera sur toutes les nations, après avoir courbé l’échine de la vaniteuse Égypte.

Moïse aurait dû éconduire ce dément depuis longtemps, mais son discours le fascinait. Ofir formulait des idées enfouies dans la pensée de l’Hébreu, des idées si subversives qu’il avait refusé de leur donner consistance.

— Ton projet est insensé, Ofir ; tu n’as aucune chance de réussir.

— Le flot du temps coule dans notre sens, Moïse, et il emportera tout sur son passage. Prends la tête des Hébreux, donne-leur un pays, qu’ils puissent se prosterner devant le dieu unique et reconnaître sa toute-puissance. Lita gouvernera l’Égypte, nous serons alliés, et cette alliance sera le foyer d’où jaillira la vérité pour tous les peuples.

— Ce n’est qu’un rêve.

— Ni toi ni moi ne sommes des rêveurs.

— Ramsès est mon ami, je te le répète, et ne tolérera aucune agitation.

— Non, Moïse, il n’est pas ton ami, mais ton plus féroce adversaire. Celui qui veut étouffer la vérité.

— Sors de chez moi, Ofir.

— Médite mes paroles et prépare-toi à agir. Nous nous reverrons sans tarder.

— N’y compte pas.

— À bientôt, Moïse.

L’Hébreu passa une nuit blanche.

Chacune des paroles d’Ofir traversait sa mémoire comme une vague, emportant ses objections et ses craintes. Quoique Moïse ne consentît pas encore à se l’avouer, cette rencontre était celle qu’il attendait.

 

Le lion et le chien, couchés côte à côte, achevaient de mastiquer des carcasses de volaille. Assis et enlacés à l’ombre d’un palmier, Ramsès et Néfertari admiraient la campagne thébaine. Non sans difficultés, le roi avait convaincu Serramanna de lui accorder une escapade. Massacreur et Veilleur n’étaient-ils pas les meilleurs gardes du corps ?

De Memphis provenaient d’excellentes nouvelles. La petite Méritamon appréciait fort le lait de sa nourrice et avait reçu la première visite de son frère Khâ, dont le ministre de l’Agriculture, Nedjem, s’occupait avec la vigilance éclairée d’un précepteur. Iset la belle s’était réjouie de la naissance de la fille du couple royal et avait adressé d’affectueuses pensées à Néfertari.

Le soleil de fin de soirée, doux et caressant, dorait la peau soyeuse de Néfertari. Un air de flûte s’éleva dans l’air léger, des bouviers chantonnaient en rentrant leurs troupeaux, des ânes lourdement chargés trottinaient vers les fermes. À l’occident, le soleil prit une teinte orange tandis que rosissait la montagne thébaine.

À l’âpreté d’un jour d’été succéda la tendresse du soir. Comme l’Égypte était belle, parée de ses ors et de ses verts, de l’argent du Nil et des feux du couchant ! Comme Néfertari était belle, à peine vêtue d’une fine robe de lin transparente ! De son corps souple et abandonné émanait un parfum enivrant ; sur son visage grave et paisible s’inscrivait la noblesse d’une âme lumineuse.

— Suis-je digne de toi ? demanda Ramsès.

— Quelle étrange question...

— Tu me parais parfois si loin de ce monde et de ses turpitudes, de la cour et de ses mesquineries, des devoirs temporels de notre charge.

— Aurais-je failli à ma tâche ?

— Au contraire, tu ne commets pas la moindre erreur, comme si tu étais reine d’Égypte depuis toujours. Je t’aime et je t’admire, Néfertari.

Leurs lèvres se joignirent, chaudes et vibrantes.

— J’avais décidé de ne pas me marier, confessa-t-elle, et de demeurer recluse au temple. Je n’éprouvais ni indifférence ni aversion envers les hommes, mais ils me semblaient plus ou moins esclaves d’une ambition qui finissait par les rendre petits et infirmes. Toi, tu étais au-delà de l’ambition, car le destin avait choisi ton chemin. Je t’admire et je t’aime, Ramsès.

L’un et l’autre savaient que leur pensée était une et que nulle épreuve ne les dissocierait. En créant ensemble le temple des millions d’années, ils avaient accompli leur premier acte magique de couple royal, source d’une aventure à laquelle seule la mort mettrait un terme apparent.

— N’oublie pas tes devoirs, rappela-t-elle.

— Lesquels ?

— Engendrer des fils.

— J’en ai déjà un.

— Il t’en faudra plusieurs. Si ton existence est longue, certains mourront peut-être avant toi.

— Pourquoi notre fille ne me succéderait-elle pas ?

— D’après les astrologues, elle sera d’une nature plutôt méditative, comme le petit Khâ.

— N’est-ce pas une bonne disposition pour régner ?

— Tout dépend des circonstances et du monde qui nous entoure. Ce soir, notre pays est la sérénité même, mais qu’en sera-t-il demain ?

Le galop d’un cheval brisa la paix du soir.

Poussiéreux, Serramanna sauta à terre.

— Pardon de vous importuner, Majesté, mais l’urgence commande.

Ramsès parcourut le papyrus que lui avait remis le Sarde.

— Un rapport du général d’Éléphantine, révéla-t-il à Néfertari. Des Nubiens révoltés ont attaqué un convoi qui transportait de l’or à destination de nos principaux temples.

— Des victimes ?

— Plus d’une vingtaine, et de nombreux blessés.

— S’agit-il de quelques voleurs ou d’un début de sédition ?

— Nous l’ignorons.

Bouleversé, Ramsès fit quelques pas. Le lion et le chien, percevant la contrariété de leur maître, vinrent lui lécher les mains.

Le monarque prononça les paroles que la grande épouse redoutait d’entendre.

— Je pars sur-le-champ, car il appartient au pharaon de rétablir l’ordre. En mon absence, Néfertari, tu gouverneras l’Égypte.

Le temple des millions d'annees
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